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Le jour j, les forces navales Françaises Libres ont tenu à être présentes , leur représentation est loin d'être symbolique, les navires engagés le 6 juin 1944 contribueront largement à la réussite de l'opération Overlord. 

LA FLOTTE FRANCAISE LE JOUR J

- 2 croiseurs de 7500 tonnes armés principalement de 9 canons de 152, le "Montcalm", leadership de la flotte Française commandée par l'Amiral Lemonnier et son sistership, le "Georges Leygues".
- 4 Frégates de 1300 tonnes, de construction Anglaise : La Surprise, l'Escarmouche, la Découverte et l'Aventure.
- 4 Corvettes de 900 tonnes : L'Aconit, la Renoncule, la Roselys et d'Estienne d'Orves
- 1 Torpilleur de 1300 tonnes : la combattante
- 7 chasseurs de sous-marins
- 6 vedettes rapides lance torpille MTB de construction anglaise
- le cuirassé Courbet effectuera sa dernière mission : il sera coulé au large d'Arromanches afin de servir de brise lames lors de la construction du port artificiel (Mulberry).
N.B : Il faut préciser que tous ces bâtiments ne sont pas rattachés aux FNFL. Certains bâtiments, à l'image du Montcalm par exemple, provenaient de l'Armée d'armistice et ont rejoint ensuite les alliés.

REPARTITION DES NAVIRES

Face à Utah : les corvettes Aconit et Renoncule
Face à Omaha : les croiseurs Georges Leygues et Montcalm, la corvette Roselys, les frégates Escarmouche et Aventure.
Face à Gold : la corvette La Surprise
Face à Juno :le torpilleur La Combattante, la frégate La Découverte, la corvette Estienne d'Orves.
 
 

Le croiseur "Montcalm", navire de 7600 tonnes, équipage 764 hommes. Armement : 9 tubes de 152mm, 8 pièces de 90mm, 24 pièces antiaériennes de 40 AA., 16 de 20 AA, 4 tubes lance torpilles.  Voir egalement les ressources de Netmarine.net


LES MISSIONS DES FRANCAIS LIBRES

Le Georges Leygues et le Montcalm accompagnent le croiseur USS Arkansas, mouillant à 3 milles nautiques des côtes Normandes, face à Port en Bessin (entre Omaha et Gold Beach). Il soutiennent très efficacement les troupes d'assaut, en neutralisant en particulier les batteries de Longues sur Mer. Ils opéreront dans ce secteur jusqu'au 10 juin 1944, avant de rejoindre l'Angleterre pour un necessaire ravaitaillement, puis repartir pour participer au débarquement de Provence.

La Combattante devra neutraliser les batteries ennemies des plages à l'ouest de Courseulles sur Mer. Cette mission sera d'ailleurs accomplie avec un franc succès, au prix d'énormes risques. C'est ainsi que La Combattante s'échouera devant Courseulles avant de pouvoir se dégager malgré les tirs de barrages ennemis. Le navire regagnera le lendemain l'Angleterre, pour revenir en Normandie une semaine plus tard avec à son bord le Général de Gaulle.

Les frégates, corvettes et les chasseurs de sous marin escorteront sans répit les navires de ravitaillement et de transport alliés en assurant leur flanc-garde.Les vedettes rapides MTB auront enfin pour mission de patrouiller au large des Iles Anglo Normandes, afin de couvrir le flanc ouest de l'opération "Neptune".

DANS LE FEU DE L'ACTION

Après avoir mouillé à partir du 3 juin, le Georges Leygues et le montcalm stationnent jusqu'au 5 au large de Plymouth. A la tombée de la nuit, les deux navires prennent la route de l'un des dix chenaux balisés conduisant aux plages Normandes. A 5 heures, les bâtiments suivent l' USS Arkansas et mouillent au large d'Omaha avec une vue sur Gold Beach.  30 minutes plus tard, les premières salves de 152 du Georges Leygues engagent la batterie de Longues dont les tirs précis encadrent l'Arkansas, alors que les pièces légères du cuirassé Français battent dans le même temps le sable d'Omaha. La batterie Allemande est - provisoirement - réduite au silence après un coup au but sur l'une des 4 pièces de 155 mm sous casemate. A 6h30, lorsque les premières vagues d'assaut débarquent dans la plus totale confusion, les deux navires Français cessent le feu. En milieu de matinée, le Georges Leygues réduit au silence plusieurs points d'appui, grâce à la précision des renseignements transmis par les officiers de liaison débarqués à terre. Dans l'après-midi, la batterie de Longues reprend ses tirs, la riposte du Georges Leygues est foudroyante. Finalement, elle tombera en fin d'après midi et ses servants se rendront aux Britanniques du 6th Green Howard (50ème D.I).

Le torpilleur LA COMBATTANTE (Photo ECPA)

La Combattante est au large de Juno Beach à 6h 45 entre La Rivière et Courseulles sur Mer. Alors que les destroyers britanniques arborent l'enseigne blanche, le navire Français hisse symboliquement le drapeau à croix de Lorraine face aux côtes Normandes. Ce geste donne tout son sens et son ampleur au désir de revanche et à la foi qui anime les Français Libres de ce 6 juin 1944. Que ce soit à bord des avions des FAFL, en mer, ou sur terre avec le 1er BFMC , les combattants à croix de lorraine sont autant de lions lachés sur le vieux continent. Animés de la même audace, les hommes de la Combattante, chargée de préparer les tirs d'artillerie, s'approchent au plus près des côtes, dépassant même les chalands de débarquement !. Elle s'échoue face à Juno Beach, mais malgré une pale d'hélice sérieusement endommagé, le navire parvient à faire machine arrière.

Dès 8 heures, il est entouré d'une gerbe de projectile tirés par un point d'appui Allemand. Plusieurs membres d'équipages sont blessés, mais grâce à une manoeuvre extraordinaire du capitaine de corvette Patou, le navire Français parvient encore à se dégager. La pièce d'artillerie, abritée dans une maison est réduite au silence. La Combattante tiendra sa position jusqu'en fin d'après-midi avant de regagner l'Angleterre. Elle sera de retour le 13 juin 1944, pour y conduire le Général de Gaulle.

Témoignage de René Cérisoles, marin à bord du Montcalm

"...6 juin, 2 heures, l'équipage est capelé, avec cagoule et gants de protection contre les retours de flammes. Au dessus de la plus fantastique armada jamais assemblée défilent par vagues des centaines d'avions remorquant des planeurs lourdement chargés. Lorsqu'il fera jour, nous verrons que tous ces appareils ont leur ailes marquées de trois bandes blanches, signe de reconnaissance de l'aviation alliée. Dans le sillage de l'Arkansas, nous prenons le chenal qui va nous conduire à notre poste de mouillage pour y attendre l'heure H à une trentaine d'encablures de Port en Bessin. Le Georges Leygues s'ancre derrière nous, et les HMS Glasgow et l'USS Texas vont prendre leur poste dans l'ouest, au large de la Pointe du Hoc.. La terre n'est pas visible, cachée par un rideau de fumée protecteur placé par les escorteurs de l'escadre.

Nous arborons le pavois de circonstance, ayant hissé une longue flamme de guerre et le grand pavillon de bataille. Vers 5h 30, le rideau de fumée s'est dissipé...Moment poignant...Revoir la France... Même si c'est au travers de jumelles... Et pendant les derniers moments de silence..Car nous venons d'être repérés (On se souviendra de l'ébahissement du commandant Pluskat dans "le jour le plus long" lorsqu'il découvrira des milliers de bateaux par l'ouverture de son blockhauss qui couvrait Omaha Beach.. )

La batterie de Longues nous prend à partie. En dépit des instructions formelles de ne pas ouvrir le feu avant H-40 (5h 50), le régime silence est rompu : ayant reçu accord de riposte, vers 5 h 40, nous tirons la première salve sur notre pays... Dans la journée, la batterie de Longues sera matée accordant quelque répit aux bâtiments qui lui étaient exposés... Maintenant c'est un feu d'enfer : des obus de grosses bailles visant l'artillerie Allemande aux projectiles de péniches lance-roquettes labourant les plages de débarquement, l'action destructive dans un terrible crescendo, devient un vacarme assourdissant... Le Texas et le Glasgow tirent comme des forcénés...

A 6h 30,le feu cesse, c'est l'heure "H", et les  premières vagues d'assaut se dirigent vers les points d'abordage. C'est alors le début d'un défilé de barges chargées de troupes et de matériels, de DUKW's et de Tanks Duplex Drive, tout ça orchestré de l'USS Augusta, ou le général Bradley a établi son poste de commandement..."


 
BIBLIOGRAPHIE

historia magazine n° 69, 1er trimestre 1969.
39-49 magazine, n° 96, éditions Heimdal, juin 1994.