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Célèbre pour avoir fermé la poche de Falaise à Chambois, la 1ère DB connaitra pourtant un destin terrible : Héroïque au combat mais jamais engagée en Pologne dont elle vengera pourtant l'envahissement par les nazis, ses soldats seront bannis par le nouveau gouvernement communiste de la Libération. Peu d'entre eux retrouveront le pays pour lequel ils s'étaient tant battus hors de leurs frontières. |
ORIGINES
La première division blindée Polonaise a été créée en Ecosse en 1942 . Elle réunissait des soldats d’élite qui se sont refugiés , premièrement en France puis , apres la capitulation de l’Etat Francais en Angleterre. L'aventure commence en 1940 ,avec la 10eme brigade de la cavalerie blindee dirigée par le general Stanislaw Maczek. Lancée au combat au nord de la France en 1940, elle écrit les premières pages de gloire de ce qui sera plus tard la 1ere DB Polonaise. Le 6 mars 1942, le rêve des tous ces Polonais exilés sur le sol britannique s’est concretisé. Le Général Brook autorise la création de la première division Blindée au general Sikorski, chef du gouvernement polonais en exil. La constitution de la nouvelle unité ne va pas sans poser des soucis d'organisation et d'affectation de matériel. Il faut aussi convaincre les chefs militaires alliés de l'utilité de la future division motorisée. Mais, Sikorski dispose à ses côtés d'un officier au caractère bien trempé et d'un tempérament inébranlable : Stanislaw Masczek. Il n'est pas usurpé de dire que Masczek fut aux Polonais ce que Koenig ou Leclerc furent aux Français Libres : un chef adulé et un leader incontesté. Il forgera l'âme de l'unité qui s'illustrera magnifiquement en Normandie. |
La 1ère Division Blindée Polonaise 1942 et 1943:
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![]() Tankistes du 10ème Dragons en aout 1944 |
L’emblème de la division représente la coiffe des Hussards Polonais. La devise retenue résume à elle seule l'esprit qui animera la 1ère DB pendant la campagne de France : «Naprzód» ( En avant ! ) et «Idziemy» ( on y va ! ). Les Britanniques ne sont finalement pas avares de leur aide et participent activement à l'instruction tactique et techniques des équipages. La seule ombre au tableau est presque philosophique : la devise divisionnaire, qui par ailleurs traduit bien la volonté de fer de Masczek, laisse en effet craindre à Montgomery que les Polonais ne se laissent aveugler par leur désir de revanche et ne chargent à la manière de leurs compatriotes en 1940, dont les assauts à cheval contre les panzers Allemands débouchèrent sur un inutile massacre. Si les recrues grossissent régulièrement les rangs de la nouvelle unité, leur nombre sera souvent insuffisant et Masczek éprouvera des difficultés permanentes à présenter des effectifs complets. |
10éme chasseurs à cheval |
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En 1943 , apres la réorganisation , la division polonaise participe aux manoeuvres baptisées « Snaffle », aux côtés de la 4eme Div. Blindée Canadienne qui d'ailleurs sera son alter-ego en Normandie. L'impression d'ensemble laissée par les équipages est excellente, mais il faudra encore patienter presque un an avant que les Polonais ne se jettent dans la bataille. De son côté, Montgomery reste sceptique quant à la réelle valeur combattante des polonais. Cette situation paradoxale, alors que tous les tests d'aptitude ont été honorés "haut la main", laisse perplexes les tankistes polonais, dont beaucoup se demandent si Monty ne les cantonnera pas à un rôle de faire-valoir. Un évènement inattendu va pourtant donner du baume au coeur des lions de Masczek. En avril 1944 le commandement polonais est informé qu’un certain general Grouse va l’inspecter. Or, personne n'a entendu ce nom jusqu’à ce jour... Le general Maczek restera figé sur place en apercevant le visage rayonnant du general... Eisenhower, descendant du train. La visite "d’Ike", commandant en chef des forces alliés fut totalement positive. Au contraire de Montgomery, Eisenhower fut très ouvert et chaleureux envers les Polonais. Ils lui devront les recrues manquantes à l'appel ; au mois de mai 1944, la première division polonaise présente enfin un tableau opérationnel optimal.
Dans le courant de ce même mois , la division est acheminée a York pour finaliser sa préparation. Avant d’etre envoye au combat en France , elle reçoit le president polonais en exil Wladyslaw Raczkiewicz. Cette visite aura pour effet de doper davantage la détermination de ses troupes, si tant est qu'elles en avaient besoin ! Mais l' heure H n’est pas encore arrivee : La division a ete deplace a Aldershot pour y attendre son tour. Le 6 juin, les polonais auront un pincement au coeur, en apprenant que les troupes alliées viennent de prendre pied en Normandie... Sans eux...quelques jours avant leur mise en route pour le continent Européen, ils rendront les honneurs au général Kazimierz Soskowski . Le jour de délivrance arrivera finalement le 1er août : la division débarque près de Caen. Elle est rattachée à la première armée Canadienne de Crerar, puis à la seconde armée dirigée par le général Simonds.... "Napzrod" .Droit devant..La première division blindée polonaise est lancée à travers les champs Normands.... Après quatre ans de purgatoire et d'humiliations, la Pologne vient de relever la tête... LE COMBAT Le 7 août 1944, l’etat major Allié lance l' opération «Totalise». Il s'agira pour quatre divisions alliées, dont la division du général Masczek, de se rendre maitre de Falaise. La contexture du terrain n'est pas réellement favorable à l'offensive en raison de larges glacis où les 88mm allemands se révèleront meurtriers pour les blindés Canadiens et Anglais. 300 blindés s'élancent à 23h 30 ; leur progression est guidée par des fusées éclairantes. Si la progression est rapide au début des opérations, elle se trouve ralentie par les bouchons anti-char ou les Stümgeschutz de la 85e division d'infanterie et des blindés de renfort. L'ennemi rend l'avancée encore plus pénible avec des salves d'obus fumigènes, tant et si bien que rares seront les unités, sauf peut-être le Royal régiment of Canada, qui atteindront sans encombre leurs objectifs. Côté Polonais, le 2è régiment blindé du colonel Kostzustki est freiné par une violente riposte des 88 mm de la 12e SS "Hitlerjügend". 26 chars sont en feu, l'infanterie n'a pu suivre la progression trop rapide des blindés. Le 2è régiment blindé a perdu en moins d'une journée la moitié de ses chars. |
La journée du 8 août sera encore plus pénible et meurtrière. Le bombardement initial de la seconde phase de "totalise" se révèle catastrophique. Les positions Allemandes seront assez peu touchées, alors que des dizaines d'obus tombent par erreur à l'intérieur des lignes alliées : 315 artillleurs Polonais et Canadiens paieront de leurs vies cette terrible méprise. Les lignes allemandes se sont resserrées et les troupes du Général Masczek sont violemment prises à partie par les Tiger du Panzer Abteilung 501 du redoutableMickaël Wittman (à qui il ne reste plus que quelques heures à vivre). 20 sherman du 1er Régiment Blindé Polonais sont détruits, 35 hommes d'équipage sont tués. Mais, les polonais ont capturé 4 officiers et 80 officiers allemands. L'opération Totalize s'achève le 9 aout au soir avec une impression mitigée du côté des alliés. La percée escomptée a bien eu lieu, mais Falaise n'a pu être libérée. De surcroit, les pertes Anglo-Canadiennes et Polonaises sont lourdes, certainement trop eu égard au terrain gagné. Les jours qui suivront Totalize feront la partie belle aux Panzerfaust Allemands et aux fantassins qui remplaceront les panzer détruits lors d'embuscades meurtrières... |
Equipage d'un Tiger I de la 12e Pz SS "Hitlerjügend" en Normandie. |
Stopa est officier au 10e Régiment de Dragons Polonais. Ce n'est pas à proprement parler un soldat, encore moins un héros. D'ailleurs, depuis le 1er août 1944, il n'a tué personne... Et pour cause : Il est aumonier et ne porte pas d'arme... Le 20 août 1944, alors que la poche de Falaise est sur le point d'être bouclée, le caporal Saron vient, tout haletant, l'informer qu'une vingtaine d'Allemands sont cachés dans une ferme, à quelques centaines de mètres , prêts à se rendre. L'unique problème est que Stopa est seul, Saron n'est accompagné que du conducteur du scout car qui l'a amené... Capturer une vingtaine d'Allemands à trois ?...... Pour Stopa,le premier
dilemne qui se pose est de savoir si il doit accepter de porter une arme
ou pas, car l'occasion dépasse ce qu'un prêtre est amené
à connaitre, même à la guerre... Après quelque
secondes de reflexion, il se fait prêter une revolver par Saron,
puis donne le signal de départ vers la ferme.... Celle-ci est rapidement
atteinte.. Stopa demande alors à Saron de l'appuyer par un tir de
mitrailleuse du "scout", alors qu'il courra vers l'entrée de la
ferme. L'aumonier Stopa bondit et se précipite vers le bâtiment,
ou il est accueilli par un vieux normand terrifié, qui lui indique
que 300 civils se réfugiés dans sa cave.... Par contre, la
ferme est aussi infestée d'Allemands qui ont investi la grange et
les écuries... Vingt allemands pour trois Polonais....
D'une voix tonnante, Stopa
lance : "Raus !..Raus und schnell ! "
un officier prisonnier remarque alors la croix agraphée au col de sa battle dress et l'interpelle :"Herr Hauptmann..N'êtes vous pas prêtre ?... Vous n'avez pas le droit de porter d'arme ? La réponse de Stopa est cinglante : "Et alors, qu'est ce que ça peut vous faire ? C'est possible, mais en tout cas je n'ai tué ni blessé personne !.." Et c'était vrai.... Stopa avait fait 72 prisonniers sans utiliser une seule fois son revolver... Certains Allemands ne purent s'empêcher un juron de colère en comprenant qu'ils venaient de se faire capturer le plus bêtement du monde par un curé en goguette et deux soldats....En plus ils sont Polonais !... La colonne prit la route avec 72 Allemands liquifiés et le scout car du caporal Saron pour les surveiller, l'aumonier Stopa conservant son arme à la main, plus par mesure dissuasive que par réelle intention de l'employer.... Les prisonniers rejoignirent en fin d'après midi une colonne de 1700 captifs, remis aux Américains en échange...de munitions aux calibres Britanniques..... Voici comment un capitaine aumonier et deux soldats du 10e dragons Polonais capturèrent à eux trois une section d'infanterie Allemande.. Sources historiques
: "Stalingrad en Normandie".
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Durant
la bataille de Normandie La division capturera 5113 Allemands , elle
a détruit 55 chars , 44 canons , environ 250 véhicules blindés.
La valeur de la première division blindée polonaise suscite
les commentaires les plus élogieux des chefs alliés, dont
le maréchal Montgomery lui-même, le plus sceptique parmi tous.
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Le général Stanislaw Maczek (1892 - 1994)
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La division polonaise a repris son chemin vers la Belgique, en passant
par le nord de la France. Le 1er septembre 1944 , elle franchi la Bresle...5
ans jour pour jour après l'envahissement de la Pologne..Le nord
de la France est une seconde patrie polonaise.... L'accueil y est triomphal...
Les soldats à la battle dress frappée de l'insigne "Poland"
y sont portés en héros.... A tel point que le général
Masczek devra interdire toute attitude trop "amicale" de la population,
car bon nombre de ses soldats visiblement "très émus par
de nombreux verres de l'amitié" guident les colonnes de véhicules
vers de mauvaises directions !... La 1ère division continue sa route
vers la Belgique. Elle libérera Ypres , Passchendale , Roulers
, Thielt . Puis , avec les forces alliées , elle entrera en Hollande.
Elle participera enfin à la libération de Breda au prix de
lourdes pertes
Décorations du Général Masczek
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La
capitulation de Wilhelmshaven.
En avril 1945 , quand les Polonais penétreront dans Wilhelmshaven , la base de la flotte « Ostfrissland « ils ne pouvaient pas croire leurs yeux . Des drapeaux blancs ornent chaque mur. Sans aucun coup de feu , les troupes Polonaises saississent 18 sous-marins, 3 croiseurs et 205 navires millitaires.3 amiraux Allemands se rendent au général Masczek.. L'humiliation de 1940 était lavée Le 8 mai 1945, la première division polonaise a perdu 5000 d’hommes, soit plus du tiers de ses effectifs. Elle a tué ou capturé 20.000 soldats ennemis. Les lions de Masczek avaient amplement mérité leur réputation de combattants au coeur d'or... En cinq années de guerre, ils ne se sont jamais livrés au massacre,au pillage, ou à tout acte de cruauté inutile... Ils étaient restés Polonais...« Il faut jamais reculer , quand l’affaire nationale et l’honneur Polonais sont en jeu. Les soldats polonais sur tous les fronts nous rappelent la cause pour laquelle ils sont prêts a sacrifier leurs vies. » General Stanislaw Masczek, aout 1944. Naprzod... BIBLIOGRAPHIE S.
Maczek , Od podwody do czoga , London 1984.
Copyright Juin 1944 un vent de liberté - novembre 2001 - |